Archives de Catégorie: Actualité Internationale

Rhétoriques de guerre

« His plan, McCain will say, is to win. The Democrats’ is to surrender, he will say »

Richard Cohen

L’éditorialiste star du Wahsington Post publie ce mois ci un papier assez brillant sur la rhétorique guerrière de McCain. Tirant parti de l’amélioration de la situation en Irak, McCain rappelle qu’il était l’avocat principal de l’augmentation du contingent militaire, opposé à l’époque au déni de Bush. McCain, quoique bien souvent trop belligérant selon les standards européens, parvient à ancrer dans l’opinion américaine que si les démocrates ne parlent que de retrait et de défaite, lui propose une sortie par le haut en martelant les promesses de victoire.

Le népotisme des pays arabes

Shlomo Ben Ami a dit:

« As countries like Egypt, Syria, and Lybia might be indicating, hereditary succession is not an inherently reactionary move. Rather, it means opting for a controlled transition to a post-revolutionary phase »

La tribune publiée ce mois ci par Ben Ami donne une lecture particulièrement fascinante du népotisme à la mode dans les pays arabes. La Syrie a déjà inauguré le phénomène avec le passage de Hafez à Bachir El Assad, et tout indique que la Lybie et l’Egypte pourraient suivre ces traces. Traces peu estimées en Occident, où ce mode politique n’est guère du goût des défenseurs de la démocratie moderne.

Oui mais voilà!  Ben Ami souligne que ce népotisme, loin d’être une survivance primitive d’un passé tribal, pourrait bien constituer un mode politique bien plus adapté au contexte socio-politique des pays en question, que la démocratie dont les résultats s’avèrent bien souvent peu au goût des puissances occidentales.

Une pierre de plus dans le jardin des orientalistes!

Un président indépendant aux US? Ca n’a pas de prix!

Michael Bloomberg aime répéter:

« A short, jewish, divorced billionaire doesn’t have a chance to be elected president! »

Les primaires américaines ont été lancé ce week end avec le premier caucus, en Iowa. Les regards vont être braqués pendant les trois prochains mois sur la course à la nomination pour chaque parti, d’où sortiront les candidats à la présidentielle de novembre. Pour les républicains et les démocrates du moins.

Car si je devais parier un penny sur un candidat, ce serait ni sur Obama, ni sur Hilary, encore moins sur Roomey ou Giulani, mais plutôt sur Bloomberg.

Oui, Bloomberg !! Car l’homme, mes amis, qui a inventé la télévision pour les bacs +14, cet homme là est également milliardaire et indépendant.

bloomberg.jpg Quel avantage celui lui donne-t-il dans la course à la présidence me demanderez vous ? Question purement rhétorique tant la réponse est évidente. Avec 5 milliards de dollars sur son compte courant, Bloomberg peut se permettre de dépenser un dixième de sa fortune et il sera déjà doté d’un budget quatre fois supérieur à celui de Clinton et Obama. Le problème du budget est doublement épineux : la sur-médiatisation du débat politique impose une présence de tous les instants à la télévision, dans les XX, et un confortable budget est un atout incomparable. Mais la course au fric présente également un vrai désavantage : une grande partie du temps des candidats et de ses équipes est consacrée au fund-raising, et, plus grave, une grande partie de leur intégrité se perd dans les inévitables compromissions avec les lobbyings. Car faire preuve de bon sens dans ses discours peut faire mal au budget si un donateur habituel n’entend pas ce qui lui plaît. Et la liste des sujets délicats est longue : transports en commun, sécurité sociale universelle, port d’arme, etc.

Et Bloomberg est indépendant. Pas depuis longtemps, certes, car l’homme a rendu sa carte du parti républicain en juin. Et monsieur est coutumier du fait, puisqu’il était auparavant démocrate, avant de retourner sa chemise pour mieux conquérir la mairie de New York (les républicains ont le vent en poupe à Big Apple depuis les mandats de Giulani et la menace terroriste).

Le calcul de Bloomberg est habile :

faire campagne sous la bannière d’un grand parti, c’est nécessairement affronter 6 mois de précampagne pour obtenir la nomination officielle (primaire). C’est du temps, du budget, de l’énergie, et de l’intégrité déjà dépensée, avant même le début de la campagne

le parti républicain est au plus mal après les mandats désastreux des néo conservateurs. Le parti prend ses distances avec Bush, mais le handicap est sérieux. Les démocrates sont mieux lotis, mais à peine ! Les élections du mid-term ont placé en 2006 une majorité libérale au Sénat, mais les avis sont très critiques sur l’action de la chambre haute depuis (lire l’éditorial de Karl Rove publié dans le Wall Street Journal).

 

Bloomberg peut attendre. Attendre de connaître ses adversaires potentiels, à l’issue des primaires. Ce qui lui laissera apprécier la marge de manœuvre pour un indépendant : elle sera plus grande placé entre John Edwards et John Mc Cain que entre Clinton et Mitt Romney.

Bloomberg peut payer. Ses campagnes victorieuses pour la mairie de New York ont été financées en grande partie sur ses deniers privés.

Bloomberg est crédible. Il a bâti son empire tout seul, et son bilan à la tête de New York reste globalement apprécié des habitants de Big Apple.

Bloomberg garde jusqu’à présent sa liberté de parole, son temps, et son énergie, il a l’incomparable privilège de pouvoir se découvrir après tout le monde.

Ira, ira pas ? Le milliardaire refuse de donner une réponse catégorique, mais multiplie les signaux contradictoires… Wait and see !