Une définition positive du nationalisme

De Gaulle a dit :

«Le patriotisme, c’est aimer son pays. Le nationalisme, c’est détester celui des autres. »

Cet adage traduit en réalité un sentiment assez répandu en France. Quelques notions de philosophie politique suffisent généralement à définir le nationalisme comme la contraposée négative du patriotisme.

Définition un peu juste cependant lorsqu’on regarde le nationalisme avec une perspective plus longue que celle donnée par le Général. Un détail sémantique pour commencer : « nationalisme » ne convoie pas une signification péjorative dans le language ordinaire, simple signe que la qualification de ce terme est plus compliquée qu’il n’y paraît.

La Mère RussieEtymologiquement, le nationalisme désigne la doctrine défendant la prépondérance de l’idée de nation. Les nationalistes sont donc convaincus du bien fondé du droit de leur nation à exister, au sein des frontières sur lesquels ils s’accordent. Ce nationalisme peut certes être fondé sur de mauvais principes tels que la haine de l’étranger (et dans ce cas la nation est vu comme la réunion d’un peuple supérieur aux autres). C’est ce nationalisme, particulièrement prolifique au 20ème siècle, qui s’est accaparé le terme générique dans l’inconscient collectif occidental.

Le nationalisme peut cependant être fondé sur des valeurs essentiellement positives.

Gellner, sociologue et philosophe tchèque du 20ème siècle, définit le nationalisme d’une manière fort intéressante, en faisant dériver le fait national du fait industriel. Gellner partage la vision Kantienne de la société industrielle comme d’un monde cohérent et homogène, dans lequel tous les faits sociaux peuvent être mis en relation. Parfaitement comprise et interprétée, une telle société peut être constamment améliorée et doit être envisagée dans l’horizon du progrès. Cette constante amélioration passe nécessairement par une division précise du travail, où chacun peut se spécialiser à l’extrême pour faire progresser l’ensemble.

Pour résumer : une société industrielle doit sans cesse produire de nouvelles compétences pour continuer à avancer et ne pas perdre son équilibre « de croisière ». C’est là que Gellner fait le lien entre la nation et la société industrielle : la spécialisation indispensable à la perpétuation de la société n’est réalisable que par un système éducatif centralisé, coordonnée. La forme nationale l’a donc emporté car elle est la seule organisation politique capable de fournir le cadre d’une société industrielle !

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